L'industrie de la mode, souvent pointée du doigt pour son impact environnemental considérable, est à l'aube d'une transformation nécessaire vers la durabilité. Opter pour la mode éthique ne se résume plus à un choix de style, mais devient un impératif écologique et social. En France, le mouvement vers une consommation responsable prend de l'ampleur, favorisé par une prise de conscience collective quant à l'urgence climatique. Cet article explore comment le Made in France se positionne comme un acteur clé de cette révolution, proposant des alternatives durables qui allient qualité, transparence et respect de l'environnement. Embrassons ensemble la mode durable, un choix à la fois chic et conscient pour un avenir plus vert.
Qu’est-ce qu’une marque de mode durable ?
Une marque de vêtement durable, ce n’est pas juste une marque qui utilise du coton bio ou qui utilise des sacs en plastic recyclé. C’est une entreprise qui repense l’ensemble de sa chaîne de production et son impact : social, environnemental, éthique. Elle privilégie des matières à faible empreinte carbone, produit en quantités maîtrisées, collabore avec des ateliers où les droits humains sont respectés, et communique avec honnêteté. L’objectif : proposer des vêtements pensés pour durer, tant par leur qualité que par leur style, et réalisés dans des conditions qui ne créent pas de problèmes pour la planète et pour les vivants.
« Made in France » et mode durable vont-ils de pair ?
L'appellation « Made in France » peut être trompeuse pour le consommateur. Cela ne veut pas nécessairement dire « fabriqué en France », ou que le vêtement ait été filé ou assemblé ici. Le label « Origine France Garantie » (label qui certifie qu'un produit est fabriqué dans notre pays selon des critères stricts qui peut être obtenu si au moins 50 % du coût de revient du produit est acquis en France, et si ses caractéristiques essentielles ont été élaborées sur le territoire français, ndlr) se rapproche déjà plus de cette notion de fabrication sur le territoire. Parfois dans le secteur du luxe, seule l'étiquette est cousue en France, et le vêtement est « Made in France » car la marque considère que la plus grosse part de sa valeur ajoutée a été créée sur le sol français. Mais sur une fibre en coton, par exemple, la matière n'est déjà pas cultivée en dans notre pays. Nous sommes en train de rapatrier ces compétences de filage, mais nous n’avions plus les savoir-faire car nous avons des enjeux de compétitivité prix.
Qu’est ce que la mode éthique ou une marque éthique?
Parmi les différents mots employés, la notion de mode éthique revient également régulièrement.
Selon le Larousse, l’éthique est “l’ensemble des principes moraux qui sont à la base de la conduite de quelqu’un.” Ce terme fait référence à la morale. La morale est un ensemble de règles de conduite, considérées comme bonnes de façon absolue ou découlant d’une certaine conception de la vie.
Une marque éthique va prendre en compte les règles de bonne conduite à tous les niveaux et les mettre en œuvre. Elle englobe donc la notion de mode durable.
Environnement
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choix des matières (impact écologique et durabilité)
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conception des vêtements et leur cycle de vie (durabilité, recyclabilité, solidité…)
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modes et lieux de fabrication
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quantités produites…
Social
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conditions de travail décentes conformes aux normes de l’Organisation Internationale du Travail
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rémunération juste
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épanouissement des salariés…
Transparence
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communication claire conforme aux pratiques et aux engagements de l’entreprise
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capacité à se remettre en question et progresser…
La fast-fashion, un poids croissant pour le climat
D’après l’Ademe, le secteur textile serait à l’origine de 4 à 8 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales ; une part qui pourrait monter jusqu’à 26% en 2050 si les tendances actuelles de consommation se poursuivent.
Ces projections s’expliquent notamment par l’explosion des ventes et l’utilisation croissante du polyester, qui émet trois fois plus de CO2 que le coton au cours de son cycle de vie. Sans oublier les transports : une paire de jeans peut ainsi parcourir jusqu’à 65 000 km avant d’arriver sur son lieu de vente. Quand on sait que Zara renouvelle ses rayons 24 fois chaque année…
L’industrie de la mode piétine droits humains et conditions de travail
Une mode éthique est (aussi) une industrie qui respecte les droits humains et les conditions de travail. Ce n’est pas le cas de la chaîne de production de la fast-fashion, qui est émaillée de graves dérives.
Les paysans indiens impuissants face à Bayer-Monsanto
En Inde, 98 % du coton cultivé est génétiquement modifié. Ces variétés transgéniques, coton BT en tête, ont été introduites au début des années 2000 pour industrialiser la production. Si les rendements ont augmenté les premières années (ils chutent désormais depuis la fin des années 2000), les cultivateurs indiens n’en ont pas profité, au contraire. Beaucoup ont dû contracter de nouveaux emprunts pour acquérir semences OGM, engrais et pesticides, s’enfermant dans une dépendance mortifère vis-à-vis des semenciers comme Bayer-Monsanto. En 2006, dans la région de Vidarbha, des milliers de paysans endettés se sont suicidés en ingurgitant des pesticides.
La santé des cultivateurs est également mise en danger : le ver rose, principal prédateur du coton, est vite devenu résistant au coton BT, nécessitant de redoubler les épandages, parfois sans aucune protection.
Les ouvrières du textile maltraitées au Bangladesh et au Pakistan
Pas moins de 70 % des vêtements vendus en dans notre pays sont fabriqués en Asie du Sud-Est, où la main d’œuvre est exploitée. Au Bangladesh, les ouvrières sont payées 0,32 dollars de l’heure, le plus faible taux horaire du monde. Cet “avantage compétitif” a fait du pays le deuxième exportateur de textile au monde, derrière la Chine. Les conditions de travail y sont effroyables : en 2013, l’effondrement du Rana Plaza, un immeuble abritant des ateliers textiles, a provoqué la mort de plus de 1000 personnes. Au Pakistan, les salariées sont payées 0,55 dollars de l’heure.
Depuis cet accident, des avancées sociales ont vu le jour au Bangladesh, mais rien qui ne remette en cause le modèle de la mondialisation libérale (où les entreprises choisissent le pays le moins disant en terme fiscal, social et environnemental). Une solution ? Adopter un traité international contraignant, pour rendre les multinationales responsables de leurs violations des droits humains. Des discussions sont en cours, à l’ONU et dans l’Union européenne, sur le modèle de la loi sur le devoir de vigilance, adoptée en dans notre pays en 2017, suite au travail acharné d’ONG au sein du collectif Ethique sur l’étiquette.
En conclusion, alors que le monde prend conscience de l'urgence environnementale, il est impératif que l'industrie de la mode évolue pour adopter des pratiques plus durables. En privilégiant la mode éthique et le Made in France, nous faisons non seulement un choix éclairé pour la planète, mais aussi un engagement envers les générations futures. Investir dans des vêtements de qualité, conçus dans le respect des principes sociaux et environnementaux, nous permet de contribuer à une industrie plus juste et responsable. Ensemble, continuons à pousser le secteur vers une transformation positive, pour que la mode devienne un véritable vecteur de changement.