Histoire de la mode et du vêtement de la préhistoire à nos jours

Histoire de la mode et du vêtement de la préhistoire à nos jours

Qu'est-ce que la mode, d'où vient-elle et à quoi sert-elle ? Il est difficile de donner une définition concise et précise de cet univers infini, communautaire et à la fois très personnel. Pour faire simple, on pourrait dire que la mode, c'est la nouveauté, l'originalité, parfois même une provocation contre l'ordre établi. En rupture avec les traditions, c'est un précieux indicateur de l'évolution de notre société.

 

LA MODE À LA PRÉHISTOIRE

Nos ancêtres poilus n'étaient pas très "mode". Leur préoccupation était purement fonctionnelle.

Plusieurs ethnologues s'accordent à dire que l'homme aurait inventé le vêtement par pudeur, pour cacher sa nudité.

D'autres spécialistes proposent une hypothèse plus fonctionnelle. Le vêtement aurait tout simplement remplacé les poils. Le corps de l'homme, dépourvu de cette pilosité naturelle, était exposé aux agressions climatiques. Il s'est donc couvert le corps de peaux d'animaux grossièrement assemblées pour se protéger du froid, de la pluie et des brûlures du soleil.

En bref, même si les avis divergent sur le fond, tout le monde s'accorde sur la forme. Aux origines de l'humanité, le vêtement était purement fonctionnel.

Rapidement, le vêtement fonctionnel a acquis une autre fonction. On l'a amélioré, teint, cousu. Puis on l'a personnalisé, en ajoutant des bijoux, des broches. On a commencé à le personnaliser en fonction de sa tribu, de son origine géographique, de sa famille, de son âge et de son sexe.

Même sous des climats cléments, les populations agrémentaient leurs tenues d'une multitude d'accessoires tels que des pagnes végétaux, des plumes ou des bijoux sculptés dans l'os par exemple. Ces accessoires, inutiles d'un point de vue fonctionnel, avaient pour seul but d'être "beau", de "séduire".

Ceci représente les prémices, certes balbutiantes, de ce qui deviendra plusieurs milliers d'années plus tard, "la mode".

LA MODE ARISTOCRATIQUE

En France, dès le 14e siècle, la mode devient un caprice aristocratique qui fait sensation à la Cour. Elle permet aux classes aisées de se distinguer des classes populaires. La mode sert alors de faire-valoir ; même si elle n'a pas encore véritablement d'identité, elle reflète la condition sociale.

À la cour, on parle de costumes. Systématiquement clinquants, les matériaux sont précieux et les tissus sont somptueux. Les robes des courtisanes rivalisent d'élégance et de volupté.

C'est également à cette époque que l'on commence à se parfumer (à l'époque, le parfum remplace largement le savon) et à se maquiller. Ce n'est pas une pratique exclusivement féminine. Les hommes aiment se couvrir le visage de poudre, donnant à leur teint une blancheur très "à la mode" à l'époque (le bronzage est redouté par les classes aisées, qui pourraient alors être assimilées au bas peuple travaillant dans les champs).

Peu avant la Révolution, l'ancêtre de la presse vestimentaire spécialisée apparaît sous la forme d'almanachs illustrés présentant les tendances parisiennes à ses lectrices provinciales et européennes. Dès ses premières publications, cette presse joue un rôle fondamental dans la libéralisation des vêtements et, plus tard, l'émancipation de la femme.

19E SIÈCLE, LE PREMIER DÉFILÉ DE MODE

L'histoire de la mode commence réellement au 19e siècle. Charles-Frédéric Worth, pionnier de la Haute Couture, a été le premier à faire défiler ses modèles sur de vrais mannequins, dans de prestigieux salons où se rassemblaient une clientèle féminine aisée. C'étaient probablement les premiers défilés de couture de l'histoire.

En 1900, Paris comptait une petite vingtaine de maisons de Haute couture. Ce nombre a atteint une centaine en 1946 et a diminué à environ 15 au début du 21e siècle.

LA MODE AU 20E SIÈCLE

Le 20e siècle, bien que connu comme le siècle des lumières, est également le siècle de la mode. Cette époque a vu émerger certains de ses plus grands créateurs, tels que Lanvin, Chanel et Yves Saint-Laurent. Ces couturiers d'exception ne travaillaient que pour une clientèle aisée et rare.

LA MODE POPULAIRE

L'électricité a conduit à l'industrialisation, qui a ensuite introduit la confection - l'ancêtre du prêt-à-porter - et enfin les grands magasins. Pour la première fois dans l'histoire, les vêtements sortent des foyers où ils étaient souvent maladroitement fabriqués par la mère de famille. Ils envahissent rapidement les vitrines des grandes villes et des provinces. Le premier phénomène de "mode de masse" est en route. Cela va changer le visage de toute notre société.

En 1930, la mode a fait ses débuts dans le monde de la publicité lorsque Coco Chanel et le producteur de cinéma Samuel Goldwyn ont conclu un accord pour habiller les stars de la société "United Artists".

1939-1945 : SYSTÈME D

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les restrictions martiales mettent en péril les maisons de Haute-couture. Les textiles comptent parmi les premiers produits limités, destinés prioritairement à l’industrie de l’armement. Les femmes rivalisent alors d’ingéniosité pour conserver leur élégance toute parisienne. Les rideaux se transforment en robe, on court aux puces chiner le moindre morceau de tissu et on se teint les jambes au thé pour imiter les bas en soie.

La mode est drastiquement contrôlée : la longueur des jupes remonte sous les genoux, faute de tissu, ce qui marquera l’avènement de la jupe crayon. Comme un signe de résistance à l’occupant, le chapeau devient une icône de la décennie.

LA MODE D’APRÈS-GUERRE

En été 1945, les Européennes ont envie de changement, de couleurs et d’innovation. C’est la période euphorique de l’après-guerre, les beaux GI’s ont importé le chewing-gum et le rock’n’roll, la mode vestimentaire va elle aussi fortement s’inspirer de nos cousins américains.

La mode devient « fashion » et ce terme définit à lui seul un passage de relais. Être fashion, c’est être différent, un tantinet subversif. Les classes bourgeoises s’éloignent de cette notion anti-traditionnelle et la mode se scinde entre les collections classiques et les collections « fashion » destinées à une clientèle très jeune, nombreuse et complètement émergente sur le marché. On sent les premiers vents d’émancipation.

Les femmes, qui avaient remplacé les hommes partis au front dans les usines notamment, reviennent au foyer. Finies les pénuries martiales, c’est l’opulence. Après des années de tenues assemblées de bric-et-de-broc, elle sera féminissime. Christian Dior, jeune créateur alors inconnu, invente le “New Look” qui redessine une taille aux femmes. La jupe se fait corolle ou crayon, la lingerie… coquine. Paris, amorphe sous l’occupation, redevient la capitale mondiale de la mode.

1967 : LE JEANS DÉBARQUE EN FRANCE

1967 voit déferler sur la France le « blue jeans », un ancien bleu de travail qui, moulé sur les cuisses de James Dean, se trouve une nouvelle vocation qui fait sensation. Ce tissu résistant devient tellement populaire qu’il habillera bientôt les jeunes du monde entier, sans distinction de sexe.

LA MODE DES ANNÉES 1960 ET 1970

C’est une véritable frustration que la jeunesse lance dans les pavés hautement symboliques de mai 68. Les manifestations estudiantines aboutiront à l’émancipation de la femme qui est enfin autorisée à faire usage de la contraception et de l’interruption volontaire de grossesse.

Témoin de ces bouleversements de mentalités, la jupe qui ose remonter au-dessus du genou naît dans les années 1960, causant l’effroi chez les gardiens des traditions (Chanel dira qu’un genou, c’est moche et qu’il faut le cacher…).

ANNÉES 1980 : EMPOWERMENT FLUO ET SUPERMODELS

Finie le fluidité peace and love des seventies, les années 1980 claquent, secouent, innovent. Frime and fric, culte du corps, bronzage et make-up outranciers : la mode est au too much.

Sous la houlette des Jean-Paul Gaultier, Thierry Mugler, Jean-Charles de Castelbajac, Rei Kawakubo et autres Kenzo, elle s’habille d’épaulettes XL et de couleurs fluos qui piquent la rétine. La femme devient une “working girl” qui fait du sport dans son legging en lycra.

Les années 80 voient émerger le nouveau visage de la mode ; les tops models. Des femmes (et quelques hommes) aux mensurations parfaites dont les sourires figés commencent à couvrir les chambres des jeunes adolescentes.

Jusque là confinés aux podiums élitistes de la Haute couture, les mannequins se popularisent à la Une d’une presse spécialisée adolescente et féminine ; ils deviennent de véritables stars avec en tête de file Cindy Crawford et Claudia Schiffer, les tops models les plus célèbres (et les mieux rémunérés) de l’histoire qui continuent aujourd’hui encore à conclure d’importants contrats publicitaires.

Après les acteurs de cinéma et les chanteurs, une nouvelle génération se met à idolâtrer des « physiques », de jeunes hommes et femmes dont la seule compétence semble être la perfection de leur corps (n’appelle-t-on d’ailleurs pas Elle McPherson The Body « le corps » ?)

Parallèlement et non sans rapport, l’obésité et l’anorexie font leur apparition. Premiers malaises ; ces mannequins, modèles de consommation affichés dans tous les magazines, ne reflètent pas la société qui essaie pourtant à tous prix de leur ressembler…

Si à l’époque des Yéyés tout le monde il est beau, les années 80 voient émerger une mode rebelle. Plus qu’esthétiques, ces nouveaux mouvements sont souvent politiques ou idéologiques ; la mode sert ici à identifier les membres de chaque « tribu » (Punks, New Wave, Gothiques …)

En marge des collections initiées par les grandes enseignes, ces nouveaux mouvements obéissent à une mode marginale mais communautaire, souvent dictée par un leader idéologique.

On pense notamment au chanteur des Cure, Robert Smith qui ose un look dark, des chemises amples et un maquillage voyant. Smith est aussitôt suivi par un important mouvement d’amateurs, tous de noir vêtus, au teint blanc et aux lèvres grossièrement teintes de rouge vif. C’est ce qui donnera naissance au mouvement « New wave ».

ANNÉES 1990 : CROP TOP, MOM JEANS ET CHOUCHOUS

Les années 1990 s’ouvrent sur la Guerre du Golfe (1990-1991) et une récession qui calment aussitôt la folie délurée des eighties. Sous l’impulsion des “Six d’Anvers” (Ann Demeulemeester, Dries Van Noten, Walter Van Beirendonck Dirk Bikkembergs…) et de designers japonais implantés dans la capitale française (Izumi Ogino, Yoshiki Hishinuma, Junya Watanabe…), la mode aspire à plus de sobriété et de minimalisme, c’est le courant “antifashion” auquel répond l’exubérance d’un Alexander McQueen, John Galliano ou Thierry Mugler et leur style “cyber” déluré inspiré des films de SF (Total Recall, Mars Attacks, Independance Day, Le Cinquième Élément, Matrix, …).

Car malgré l’ambiance morose, la mode n’a pas dit son dernier mot flashy et, en-dehors des catwalks, la jeunesse s’amuse en chaussures à plateformes, jeans mom taille haute, crop tops colorés, les cheveux pleins de chouchous aux couleurs criardes. Leurs idoles ? Brenda et Kelly de Beverly Hills, Rachel et Monica de Friends, les Spice Girls, Britney Spears. Mais aussi des égéries plus dark de la mouvance “Kinderwhore”, comme la sulfureuse Courtney Love.

Mode girly, un poil féministe (“Girl Power !”), grunge et minimalisme cohabitent ainsi dans un joyeux patchwork d’influences. Une tendance qui n’en finit pas de revenir, portée par les labels les plus pointus de la fashionsphère, Off-White, Balenciaga, Vetements notamment, qui n’en finissent plus de réinterpréter les tendres nineties et leurs coupes radicales.

21E SIÈCLE, L’ÉMERGENCE DES MARQUES

Le phénomène des « marques » émerge dans les cours de récréation autour de l'an 2000. Pour la première fois, le nom du fabricant du vêtement devient plus important que son apparence. C'est une aubaine pour les marques qui en profitent largement.

La publicité est bien sûr à l'origine de ce phénomène. Le message est simple : « Regarde, ton idole porte cet habit. Tu veux lui ressembler ? Alors, mets-le ». Bien sûr, c'est assez basique, mais quand c'est bien présenté et récité par un footballeur célèbre, ça fonctionne.

Le sport a été le premier à ériger un culte à ses marques phares, omniprésentes sur les stades de football. L'idée est de créer des chaussures de sport pour la vie urbaine, la « basket urbaine » qui fait sensation. Adidas, Nike, Puma, tout le monde s'y met. Pour vendre, les grandes marques n'hésitent pas à dépenser beaucoup pour s'offrir les plus grandes stars sportives du moment.

Aujourd'hui, le marketing des célébrités ne se limite plus au monde du sport. Les marques développent aussi des contrats avec des chanteurs, des comédiens, des mannequins, des “it girls”, des journalistes et des présentateurs de télévision, entre autres.

L'HISTOIRE CONTINUE... SUR INTERNET

Internet entre en scène et bouleverse les règles du jeu. Les défilés sont diffusés en direct sur les réseaux sociaux, où les images sont partagées, commentées, aimées, détestées. Les marques s'implantent sur Instagram, Twitter, Pinterest, Snapchat, et interagissent directement avec leur clientèle. Cette clientèle, impatiente, veut tout, tout de suite, sans attendre de longs mois pour que les pièces des défilés soient disponibles en boutique. Alors, la mode se réinvente, encore une fois. Certains créateurs ont déjà avancé la commercialisation de leurs collections pour répondre aux désirs immédiats de l'homo numericus, le « see now, buy now ».

Une révolution en cours... qui n'en est qu'à ses débuts..

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